Malgré les sifflets de la salle, le président du Medef, en meeting à Lyon dans le cadre de la semaine de mobilisation patronale, a tenté de recoller les morceaux avec le gouvernement qui lui reproche de saborder le Pacte de Responsabilité.
C’était chaud à Lyon mercredi soir : Pierre Gattaz est venu prononcer un discours dans le grand amphithéâtre de la Salle 3000, à l’heure où les rapports se durcissent et confinent à l’escalade verbale entre les organisations patronales (la sienne en particulier) et le gouvernement.
La veille, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron avait reproché à Pierre Gattaz de saper le moral des troupes et de torpiller le Pacte de Responsabilité en ne s’engageant pas pleinement dans les négociations de branche sur ces fameuses contreparties qui visent (notamment) à fixer des objectifs de créations d’emploi.
30 ans de gâchis
Accusé de surenchère permanente, Pierre Gattaz a, devant un public armé de sifflets, fait acte de contrition, s’excusant d’être considéré comme le « Grand Satan actuel », qualificatif dont il s’est lui-même affublé. Mais il a, surtout, voulu caresser le gouvernement dans le sens du poil, jusqu’à juger « positive » l’action du secrétaire d’Etat à la simplification Thierry Mandon qui, c’est vrai, s’est récemment dit favorable à un allégement du compte-temps pénibilité, principale source de discorde entre le patronat et Manuel Valls.
Il n’a pu, en revanche, s’empêcher de dénoncer « 30 ans de gâchis liés à une politique brouillonne et désordonnée » dont se sont, tour à tour, rendus responsables les formations de droite comme de gauche, en augmentant les impôts et les taxes, ce qui a réduit d’autant les marges de manœuvre des entreprises et plombé leur compétitivité.
Sur le Pacte de Responsabilité, le n°1 du Medef, qui s’est défendu de « faire de la politique », a assuré le gouvernement de sa bonne volonté pour faire aboutir les négociations en cours, prévenant toutefois que « mobiliser les branches prend du temps » et qu’il ne dispose pas, pour y parvenir, d’un « bouton sur lequel on appuie ». Il a enfin joué la carte de l’apaisement et de l’union en invitant les élus de tous bords à tracer, avec lui et les autres partenaires sociaux, «les ambitions futures de notre pays» à l’occasion d’une rencontre en mars 2015 où sera présenté un « Agenda 2020 » des réformes à mener.